« J’ai ouvert mon regard, livré mon cœur sans fards
Perdu au bord du vide où j’ai posé mes rides
Mon univers froissé est tombé à mes pieds
Innocence emportée, mon âme s’est brûlée
En soulevant un voile, un dessin sur la toile
Prenant toute la place, illuminait de grâce
Un visage fané, une vie abimée
Chemin sans avenir, un souffle pour mourir »
Trop de souffrances ici ont eu raison de lui
Froid dedans et dehors, ne trouvant réconfort
Au milieu du sublime, il creusait ses abîmes
Bout de vie effacée, gommée, dilapidée
De ses joies antérieures il ne restait que leurres
Cette vie sans envies avait goût de déni
Nouvelle absurdité de son esprit blessé
Voie sans aucun secours, pas même un peu d’amour
J’ai trouvé le meilleur, tout au fond de son cœur
Tracé un horizon, créé une saison,
Un espace à l’amour pour chacun de ses jours
Sillon de terre bleue, où apaiser ses feux
Sur la terre brûlée, il s’était écroulé
Le cœur traumatisé par les chagrins passés
Monde, tu en as fait un vieux pantin de jais
D’où tu puises la sève en lui volant ses rêves
Aujourd’hui il est prêt à livrer ses secrets
Et il veut nous offrir son parfum, son sourire
J’y ai posé l’amour, il l’a pris chaque jour
Ai forcé son courage à traverser les âges
Vu de son piédestal, vous le trouviez bancal
Les héros sont debout et ressemblent à des fous
Flammes d’une âme fière, elle a troublé la sphère
Et le Ciel fatigué finit par abdiquer
Les derniers combattants sont las depuis longtemps
Larmes de désespoir noient tous les abreuvoirs
Et je lis dans leurs yeux, un appel vers les cieux
Mon cœur pleure avec eux, ils sont si malheureux
Cœur et corps déchirés, nous resterons liés
S’il était un péché, il serait singulier
Est-il encore besoin de refermer nos poings
Mis à nus, nos esprits, se rempliraient de vie
A force de pleurer, à force de hurler
Saigner serait encore un bien trop grand effort
© (Antia)