De l’Amour et des Larmes
Je suis venue aimer, une belle impulsion
Pour pouvoir détacher mon cœur de la fusion
J’ai choisi de nourrir ceux qui étaient meurtris
D’amour à s’étourdir au grand feu de la Vie
On m’avait prévenu, le « bas » était cruel
Un sourire entendu, j’ai déployé mes ailes
L’âme et l’esprit guerriers, j’ai plongé vers la sphère
L’Amour en bouclier en posant pied à Terre
La scène était immense, j’ai eu besoin de temps
Pour trouver la cadence et son rythme indécent
Il faisait froid dehors, dedans était muet
Mais j’avais dans le corps l’Amour et ses secrets
Les visages étaient las, les cœurs si abimés
Que j’ai cru qu’ici bas, la joie ne fut noyée
Des rivières de larmes occultaient les prières
Et la fureur des armes embuait la Lumière
Ici et là, la peur freinait tous les élans,
On parlait de « bonheur » comme d’un autre temps
Les cœurs exanguinés de sève nourricière
Ne savaient résister aux ors de la matière
La Terre était en deuil, une époque étrangère
Beaucoup trop de cercueils pour ce bel univers
La famille divine avait perdu sa Voie
La faucheuse maligne avançait dans nos pas
Nous étions des joyaux, des frères par milliers
Sans doute un peu puceaux, mais des esprits entiers
Du chœur de l’espérance, à être volontaires,
Mais combien d’innocences ont ici du se taire
L’amour est mis à mort, sur la belle planète
C’est un autre décor, l’agonie d’une fête
Les tendres blés fauchés, comment nourrir les cœurs
Quand il sont affamés par autant de douleurs
Mais quel est donc ce règne à en devenir fou
J’en ai le cœur qui saigne à vous voir à genoux
La Vie et ses cadeaux pèseraient-il trop lourds
Qu’ils deviendraient fardeaux, désavouant l’Amour
Quand la persévérance a goût de pénitence
Que les fruits d’abondance initient la souffrance
Le ciel peut bien pleurer et nos cœurs se briser
La mort est bien rodée, son épée effilée
Si je perds la raison, si je deviens rebelle
Je demande pardon aux pourvoyeurs du ciel
Qu’importe le chemin, qu’importent les erreurs
Il faut qu’on soit divin pour aimer sans rancœur
La route est infinie et les voies sont multiples
Toutes les tragédies sont autant de périples
Comment puis-je grandir loin de ce qui fait mal
Si avant de mourir je ne danse à ce bal
C’est la mort qui s’amuse ou la Vie qui se terre
Pendant que l’homme s’use et l’animal prospère
Je ne veux marchander, mon âme et ses trésors
Il faudra m’arrêter ou me briser le corps
Demain je pleurerai sur vos ombres désuètes
Mais je m’éloignerai de vos tombes muettes
Un peu plus étourdi par toutes les détresses
Mais avec l’appétit d’offrir d’autres caresses
© Anita Le Sant